La beauté des forêts Néo-Zélandaise est en danger.
Lors de mon arrivée en Nouvelle Zélande, et avant de partir vers l'île du Sud, que j'étais si impatiente d'explorer, j'ai passé une semaine dans une petite ville non loin d'Auckland. J'y ai vécu avec Viktor et Rochelle. Ces deux purs Kiwis, entendez par là Néo-Zélandais, partagent une collocation avec d'autres jeunes travaillant ou étudiant à Auckland! Chez eux, ils ont décidé d'accueillir les étrangers membres du réseau couchsurfing (dont je fais partie) pour les introduire dans la vie Néo-Zélandaise. Il n'est pas de meilleure façon selon moi pour se sentir bien dans un pays que d'être accueillie par des locaux absolument adorables!
Et comme je suis venue dans ce beau pays par envie de découvrir et par passion de la nature, forcément je me suis jointe à eux dès qu'une sortie se présentait. Lors de notre première sortie Viktor m'a parlé des kauris. Ces arbres endémiques de la Nouvelle-Zélande sont actuellement touchée par une épidémie qui les fait mourir et risque de faire disparaître l'espèce.
Sentier de marche à Titirangi, Banlieue d'Auckland, île Nord
Le kauri, plus qu'un symbole, une espèce emblématique
J'ai entendu parlé pour la première fois des kauris sur les routes de Titirangi. Même s'ils sont bien moins courant qu'autrefois à cause de l'exploitation intensive du bois, ils sont représentés fréquemment dans les forêts du Northland. Cependant les forêts ancestrales sont aujourd'hui cantonnées à 7,5 Ha. Ici, on les trouve un peu partout à flanc de colline. Immenses et impressionnants!
Les kauris (Agathis Australis) font partie des plus anciennes variétés d'arbres existant sur terre. L'apparition de ce groupe est estimée à 20 millions d'années. Avec les conifères, les araucarias et les ginkgos, ils forment le groupe des gymnospermes. Ils détiennent le record de longévité en vivant plus de 1000 ans (jusqu'à plus de 2000 ans). Ils atteignent une hauteur de 50m pour une envergure d'environ 15m et un tronc d'un diamètre de 2m. Faisant d'eux les arbres non pas les plus hauts mais les plus larges de NZ. Le plus large actuellement recensé a un tronc de 4,6m et s'appelle "Tane Mahuta".
Le kauri peut se trouver dans différents écosystèmes : des bois ou des forêt. Il dépassera toujours les autres arbres, permettant à plusieurs niveau de végétation de se développer en dessous. On retrouvera donc des arbres plus petits (ex. le tōtara) et des végétaux bas (ex. la fougères). De plus, le kauri abrite souvent des épiphytes comme les orchidées. Pour s'épanouir, il aura besoin d'un sol peu fertile mais de beaucoup de lumière. Il peut donc difficilement se développer sous des canopées denses mais il recolonisera rapidement un milieu détruit par un incendie.
Pour les Maoris, le kauri est un trésor, un élément indispensable leur permettant de se connecter à un monde spirituel. Cette force spirituelle s'explique par la mythologie. Au commencement, le père ciel et la mère nature furent créés du néant. De leur union naquit des enfants, prisonniers du noir de leur embrassade. L'enfant le plus fort sépara ses parents, apportant ainsi la lumière sur terre et permettant aux autres de s'épanouir. Les kauris seraient les jambes de ce géant ayant permis à la forêt de prospérer sur terre. Pour leur rendre hommage, les Maoris baptisèrent dès le début les plus grand kauris et les utiliseront pour de multiples usages traditionnels. Il sera utilisé par les colons européens car c'est un bois très résistant à l'eau.
Cette force spirituelle fait de cet arbre non seulement un élément important sur un plan écologique mais aussi sur un plan culturel. Les forêt de kauris sont un refuge pour les espèces menacées. Leur disparition mènerait probablement à la disparitions d'autres espèces.
La maladie
La
menace qui pèse sur les Kauri s'appelle "Kauri Dieback disease" et
cause leur dépérissement. C'est une maladie cryptogamique. Entendez par là que
ce sont des champignons qui en sont responsables. Le pathogène s'appelle Phytophthora
agathidicida. Il fait partie du même groupe que le mildiou de la pomme de terre. Dans le
cas du Kauri, la maladie est incurable et mortelle. Elle n'a été identifiée en Nouvelle-Eélande qu'au début des années 2000.
- Mode de transmission :
- Dans le sol, le pathogène se trouve à l'état d'oospore. Il germera ensuite pour former un sporange qui produira les zoospores. Les Zoospores sont libérés après une pluie et nagent jusqu'au racines du kauri auxquelles elles s'attachent. Sera ensuite produit du mycélium qui se propage dans le système racinaire, infecte les tissus et empêche progressivement le transport de la sève. C'est ce qui causera lentement la mort de l'arbre. La zone infectée continuera à produire des sporanges pour infecter les kauris présent à proximité de l'arbre infecté.
Les kauris possèdent un système racinaire jusqu'à trois fois plus important en superficie que leur branchage. Ceci facilite la transmission du pathogène d'un arbre à un autre rendant l'endiguement de la propagation compliqué.
Les mesures mises en place
Les deux vecteurs principaux de propagation sont : la faune sauvage et les promeneurs. Pour protéger cette espèce emblématique, le district d'Auckland a donc mis en place une signalétique et des mesures de prévention. La mesure la plus efficace étant d'éviter de passer par ces chemins de marche et d'emprunter les routes. D'ailleurs, Viktor m'a expliqué que la communauté Maori avait tenté de faire fermer tous les chemin mais ceci est difficile à mettre en place. Alors, pour limiter la propagation, qui ne peut pas vraiment être endiguée, des règles d'hygiène sont à appliquer de façon systématique et quelques chemins ont été interdits d'accès. A l'entrée de chaque chemin ou sentier, on trouve un bac avec un spray
désinfectant à vaporiser sur ses semelles et à certains endroit des
brosses spécifiques pour nettoyer complètement les semelles. Il faudra toujours commencer par nettoyer ses chaussures pour enlever toute la terre présente sur les semelles avant de vaporiser le désinfectant pour maximiser son effet.
Les chemins fermés sont généralement ceux peuplés uniquement par des arbres sains ce qui permet d'éviter l'arrivée de la maladie dans ces zones. Le programme comporte également un volet scientifique de recherche sur ce champignon et un volet d'éducation à l'environnement pour transmettre les informations et optimiser les chances de réussite du programme de protection.
En bref, amis promeneurs, si vous arpentez les chemins du nord de la Nouvelle-Zélande n'oubliez pas de nettoyer vos chaussures! La nature vous remercie!
Approfondissez vos recherches et apprenez en plus sur ces arbres et sur cette pathologie en cliquant sur les liens suivant :
https://www.kauridieback.co.nz/
http://www.doc.govt.nz/nature/native-plants/kauri/
http://www.conifers.org/ar/Agathis.php
http://forestphytophthoras.org/species/agathidicida/disease
Liste des chemins fermés :
https://www.aucklandcouncil.govt.nz/environment/plants-animals/pests-weeds/Pages/protect-our-kauri-trees.aspx
Petites questions: est ce que d'autres arbres peuvent être contaminés par ce pathogène? Est ce que la forêt que tu as parcouru n'est peuplé que de Kauri? Du coup si les chemins fermés sont peuplés des arbres non contaminés, tu n'as vu que des arbres malades? Quels sont les signes extérieurs de la maladie?
RépondreSupprimerDésolée du questionnaire, mais cet article est vraiment intéressant. Je regrette juste une petite photo de cet arbre faite par tes petites minimes ;)
A bientôt pour le prochain article !
Je regrette aussi de ne pas avoir de photos.... On les identifie assez facilement par leur stature mais je les ai surtout vu de la route. L'idée de faire un article sur ça n'a germé qu'une fois arrivée dans le sud... où il n'y a pas de kauris!
SupprimerAlors non, Phytophthora agathidicida est un spécialiste des Agathis Australis. Par contre les autre pathogène de type Phytophthora peuvent eux s'attaquer à d'autres espèces.
La forêt que j'ai parcourue ne contenait que quelques kauris! En fait les forêt primaires de kauris sont très rares, elles ont été brulées il y a très longtemps par les premiers Maoris, puis ils ont continué à exploiter le bois pour les objets culturels et surtout les canoés puisque c'est un bois imputrescible. Les premiers européens arrivés après James Cook ont continué à surexploiter ces forêts notamment pour les navires Britanniques. Il n'y a donc que dans les zones éloignées dans le nord qu'on va retrouver de vrais forêts de kauris.
Quand à l'identification des arbres malade elle est assez compliquée. Les arbres n'affichent des symptômes que très tardivement. Il est donc demandé ne ne pas toucher les kauris et de ne surtout pas marcher sur leur racines (quand on sait les identifier...) puisqu'ils sont tous potentiellement contaminés. Des investigations poussées dans certaines zones ont dû permettre de diagnostiquer les zones non infectées.
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RépondreSupprimerGloups, assez précocupante cette histoire ! J'espère que ces arbres arriveront à survivre...:-s
RépondreSupprimerS'ils sont protégés et respectés suffisamment je suppose qu'on devrait trouver de quoi protéger les arbres et pouvoir toujours parcourir les forêts!
Supprimercroyons en la science!
Merci pour tes documentaires très intéressants, Amandine ! 😀
RépondreSupprimerJe vous en prie! Ravie de savoir que ça plait :)
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