jeudi 18 octobre 2018

Le rythme effréné du visiteur pressé

        Une fois n'est pas coutume, aujourd'hui j'avais envie de faire un petit billet d'humeur!
        Depuis quelques années déjà, les "bucket lists" sont à la mode! Alors évidemment, quand on part avec un visa voyage travail dans un pays à l'autre bout du monde, on a tous en tête des choses que l'ont veut absolument visiter, des gens que l'ont veut absolument rencontrer, des lieux que l'ont veut absolument photographier ou, dans mon cas, des animaux que l'ont adorerait voir! Et, oui, je ne peux pas m'en empêcher!
        Si c'est évidemment partie intégrante du voyage, ça ne doit pas devenir une obsession. Allez les gars, on a un an pour découvrir le pays! Prenons le temps de le faire sans "rush"! Un pays entier vaut bien des arrêts trop long sur le bord d'une route pour faire une rando que l'on a jamais vue dans aucun guide! C'est ça aussi l'aventure!

Nau Mai Piki Mai, la montagne de Pataua
Tapu maori non répertorié dans les guides
un lieu que l'on ne peut découvrir qu'en prenant son temps

        Bientôt dix mois que je suis en Nouvelle Zélande! Je ne compte plus les lieux où je me suis arrêtée, les randos que j'ai faites ou les photos que j'ai prises (trop nombreuses...). Mais par contre, à chaque lieu découvert est associé un moment particulier : une personne présente, un état d'esprit et surtout le fait de prendre son temps ou parfois justement de venir exprès pour découvrir un lieu IMMANQUABLE.
        En l’occurrence, j'ai croisé beaucoup de monde qui voyage en "cochant des cases"! Quel est le problème me direz-vous? Et bien parfois cocher des cases fait qu'on se hâte sur la route pour voir ces lieux à ne pas manquer et qu'on loupe des petits coins de paradis qu'on n'aurait pu découvrir si on avait pris notre temps!

Des incontournables faits dans la précipitation

        Prendre la route pour aller à un point P. Rouler à la vitesse maximale. Voir un panneau "lookout" (point de vue). S'arrêter, prendre une photo. Sauter en voiture. Reprendre la route. Faire un autre arrêt photo. Ne pas faire la petite rando parce qu'on a pas le temps. Remonter en voiture, rouler, rouler, rouler. Arriver! Enfin, avaler un bout rapidos sur le parking et faire LA rando pour aller au point de vue faire LA photo que tout le monde a déjà partagé sur facebook, twitter et insta... ça vous parait ridicule?! Ça ne l'est visiblement pas pour tout le monde!
        Happé par le rythme fou auquel ils faut visiter tous les incontournables de la NZ certains visiteurs semble perdre la notion du temps qu'ils ont à passer ici!
        Non, non, vous ne vous y trompez pas, ça sent le vécu!

Milford Sound et son paysage de carte postale découvert à la va-vite

        Pour mon arrivée en Nouvel Zélande, j'avais posté un voyage public sur couchsurfing, un réseau qui regroupe principalement des voyageurs. Et, évidemment (oui, oui je sors les clichés) une fille qui voyage seule se trouve souvent assez rapidement un compagnon de voyage! Je m'étais dégotté un jeune homme, parisien d'adoption. Il avait 10 jours à consacrer à la NZ. Dix jours pour faire 1556km qui séparent Auckland de Queenstown, "Insane" s'écrièrent les locaux à qui je racontais plus tard cette anecdote! C'est l'exemple parfait du voyageur qui doit juste faire de la route avec des arrêts pour faire LES photos pour épater les copains, sans chercher à découvrir le pays où les gens qui le peuplent!
        J'ai passé 5 jours en sa compagnie, mais à vrai dire, j'ai dû vérifier dans mon carnet de voyage car ça me parait infiniment plus long....  Évidemment, je ne suis pas nostalgique de sa compagnie, et même j'ai été heureuse que nos chemins se séparent quand j'ai décidé de poser mes valises à Christchurch pour le laisser dans son rush permanent! Mais il ne faut pas cracher dans la soupe, son fanatisme des photos de magasine m'a permis de faire de supers haltes sur les routes de l'ile sud! Des lieux que j'ai pour certains été ré-explorer plus tard en prenant mon temps!

Milford Sound

        Visiter c'est bien. Prendre son temps c'est mieux!
      Quand on a pris la route de Queenstown, je ne m'étais pas rendue compte de la distance à parcourir pour aller jusqu'à Milford! Naïve que je suis. Forcément, je m'étais greffée à l'itinéraire de quelqu'un et comme je n'étais pas stressée, je n'ai pas vraiment vérifié! J'étais contente d'explorer! Mouais, au lieu d'explorer je devrais plutôt dire ... Se hâter! Deux heures pour aller à Te Anau, Une heure Quarante cinq pour aller à Milford sound, quand on est arrivé au fjord il était bien trop tard pour faire quoi que ce soit! Pas de rando, pas de kayak, pas de croisière!
        A ce moment précis, subjuguée par la beauté du site, je ne me suis pas rendue compte à quel point cela allait me frustrer par la suite. Pas une semaine que j'étais arrivée dans le pays et j'étais déjà dans l'un des endroits mythiques! Un des paysages les plus impressionnants du pays. Forcément, ça limite les arrières pensées!

Royce's Peak

        C'est l'exemple type. La rando parfaite pour faire LA photo que tout le monde a partagé sur internet. Il suffit de regarder les commentaires sur trip advisor pour comprendre. C'est une rando qui exige un peu de forme physique mais qui récompense le courageux qui a été en haut!
        Moi ce que j'aime dans les randos de montagne, c'est qu'on peut monter tout en haut et avoir une vue à 360°! Et bien mon compagnon de rando du jour ne l'entend pas de la même oreille! Arrivée au lieu de la photo carte postale, qui n'est qu'à une demi heure du sommet, et après m'avoir bassiné avec ses selfies à la go pro fais à distance mais pour lequel il lui fallait un porte go-pro (oui, c'est à moi-même que je fais référence) il m'a annoncé tranquillement que je l'avais attendu pour rien et qu'il n'irait pas au sommet!

Royce Peak, son paysage époustouflant
et ses couples qui posent en selfie

        J'ai rapidement pris une décision! Je ne voulais pas voyager de cette manière. Aller d'un point A à un point B en me dépêchant pour voir ce lieu magnifique que tout le monde a vu et repartir aussi vite avec ma photo carte postale dans la boite, c'est pas pour moi! Moi, je veux conduire en explorant et pas explorer en conduisant! Oui, je suis dans le détail!
        Alors, c'est facile à dire parfois moins facile à faire, parce qu'un an ça reste un pays où on vit, ce ne sont pas des vacances. C'est un vrai voyage, parfois initiatique! Mais il faut bien garder une chose à l'esprit : quelque soit le temps où on reste quelque part et quelque soit la taille du pays où on se trouve on ne pourra jamais tout visiter! C'est un fait avéré! Alors, autant profiter des lieux où on se trouve et profiter de chaque instant!

Des arrêts improvisés, et de belles surprises

        En route vers les fameux Pinacle du seigneurs des anneaux, il y a le Wairarapa. Endroit où bien peu de touristes s'arrêtent me dira la bénévole du point d'info du village de Featherston avec un sourire amusée. Ravie de pouvoir me conseiller plein de petites balades où seuls les locaux emmènent leurs enfants pendant les vacances scolaires! C'est ainsi que je me retrouverai à Boggy Pond Lagoon à observer les busards et à marcher parfaitement seule au milieu d'un écosystème rare et particulier!

Boggy Pond Lagoon, une zone marécageuse surprenante

         Endroit magnifique et impressionnant, Castlepoint est un lieu qu'il faut vouloir découvrir. A l'écart de la State Highway 2 qui mène de Wellington à Napier, ce lieu répertorié dans les guides nécessite de faire un gros détour. Quand j'y suis allée, j'ai pris mon temps et malgré la météo assez misérable, ou plutôt grâce à elle, la nature m'a fait un beau cadeau!


Moment merveilleux, le phare de Castle point
surplombé par un arc en ciel

Des lieux surprenants pas très connus des touristes

        Si j'avais tracé ma route, je n'aurai probablement jamais découvert certains des lieux. Alors au contraire, j'ai flâné sur les routes, parfois trop selon certains voyageurs qui me diront "là-bas, y'a rien à voir!". En réalité, il y a toujours quelque chose à voir si on reste curieux et ouvert! Prendre son temps est un luxe qui permet d'apprécier encore plus son voyage.
        Lassée de faire beaucoup de route fin juillet, je m'arrête successivement pour quelques jours dans le central plateau. J'aurai ainsi la possibilité de visiter des lieux dont je n'avais pas spécialement entendu parler auparavant. Je réalise un rêve de gamine en mettant les pieds sur un volcan actif! White Island! Il faut accepter d'y consacrer un petit budget, et d'y accorder une demi journée car le trajet en bateau prends une heure. Mais le jeu en vaut la chandelle! Paysages lunaires, fumeroles de souffres et lac acide, un paysage comme je n'en ai jamais vu nulle part.

Une des vue de White Island, au large de Whakatane

        C'est aussi lors de cette période que j'aurai l'occasion de faire un peu plus de couchsurfing et de découvrir des coins avec des locaux comme la randonnée que j'ai fait à Taupo sur le mont Tauhara. Une halte qui me permettra de rencontrer d'autres voyageurs. Deux espagnols qui avaient cinq semaines pour visiter le pays mais préféraient le contact des locaux et la découverte progressive plutôt que de faire un maximum de choses! Nous partirons ensemble à l'improviste, changeant nos plans pour aller faire du black rafting dans les grottes près de Otohoranga.  Le voyage c'est aussi les rencontres et accepter l'imprévu!

        Un bel exemple, puisque c'est surtout en prenant son temps qu'on se donne la chance de rencontrer des locaux. Et y'a pas à dire, c'est eux qui ont les meilleurs conseils sur les petits coins insolites! Récemment, grâce à des Néo-Zélandais, j'ai pu découvrir successivement l'ile de Tiritiri et la plage de Muriwai. Paradis des ornithologistes, la première est un sanctuaire où on peut voir des oiseaux rares comme le Méliphage hihi (Notiomystis cincta) de son nom maori : Hihi (ou Stitchbird). Classé "vulnérable" quand à sa conservation, il est extrêmement rare de le croiser dans des zones où il n'y a pas de réelle gestion des nuisibles. La deuxième possède une colonie de fou Australiens, les gannets (Morus serrator).

Un des fous de la colonie de Muriwai

        Comme vous l'aurez compris cet article est une éloge au voyage sans se presser!

        Et pour ceux qui n'ont pas la chance d'avoir autant de temps pour arpenter les routes sinueuses de la Nouvelle-Zélande, je vous l'affirme : nulle raison de vous presser! Vous n'aurez pas le temps de voir tous les recoins du pays ou même juste tous les lieux populaires qu'on vous a conseillés. Alors tentez plutôt de vous faire des vacances sereines et sans objectifs à atteindre: Deux raisons à cela, il est difficile de rendre des vacances productives et rentables et la science le suggère le stress éprouvé par une personne tend à diminuer le bonheur ressenti!
        Roulez serein, roulez heureux !


Liens évoqués dans l'article : 

mercredi 26 septembre 2018

Écologie ou Nature? Le paradoxe vert



        Quelle est la première image qui vous vient si je vous parle de la Nouvelle Zélande? Probablement les plaines immenses ou les paysages verdoyants si bien capturés par Peter Jackson dans ses adaptations des romans de Tolkien : Le seigneur des anneaux. Et vous n’avez pas tort ! La Nouvelle-Zélande, ce sont des paysages merveilleux au détour de chaque angle mort, à la sortie d’un virage, au débouché d’une montagne !

Milford Sound, l'un des paysages à couper le souffle que recèle le pays

        On a tous notre idée préconçue d'un pays avant d'y mettre les pieds, et, une fois sur place on ajuste sa vision. L'image que je me faisais de la Nouvelle-Zélande était celle d’un paradis vert ! Le fantasme du randonneur européen! De la nature sauvage, avec moins d’habitants (4,75 millions au recensement de 2018) que de vaches (6,47 millions en 2017) et beaucoup moins d’habitants que de moutons (27,6 millions en 2016). Bon évidemment c’est sans compter les touristes… mais ça c’est une autre histoire !
        Sauf que qui dit Nature, ne dit pas forcément bonne gestion écologique… et c’est l’objet d’un vaste débat parmi les français en Nouvelle Zélande ! En tant qu’écologue de formation, j’ai tendance à considérer l’écologie d’abord comme « la science qui étudie les organismes et le milieu où ils vivent » ce qui m’amène souvent à ne pas être entièrement d’accord avec ceux qui envisagent l’écologie dans son sens politique. C'est aussi la raison qui m'a poussée à rédiger cet article en premier lieu. Mais ce n'est pas un sujet qui se traite si facilement. Alors, loin de se vouloir exhaustif, cet article est plutôt un aperçu, une ouverture sur un débat en abordant des points positifs et des points négatifs

L'image d'un pays où règne le tourisme vert abimée par la course au productivisme

         Début 2018, frénésie sur les réseaux sociaux. Cash investigation a diffusé sur France 2 un reportage sur l'industrie laitière. Il évoque la nouvelle Zélande. Son de cloche connu pour les uns, réveil douloureux pour d'autres, la Nouvelle Zélande ne serait pas un pays qui respecte son environnement. Et bien ça, voyez-vous sur les groupes Facebook de "Français en Nouvelle Zélande", on semble en être bien conscient. "Nous, on le sait bien que la pays est loin d'être un pays "vert"" ou "Ici, la gestion écologique est un désastre" étaient parmi les commentaires les plus fréquents.

En dehors des exploitations intensives, le bétail pâture sur
des flancs de collines ou dans des zones de bocages, en pleine nature

        Alors, je me suis penchée sur la question pour essayer de comprendre ce qui ne plaisait pas aux expatriés.

La gestion des déchets  

        Dans ce cas précis, il faudrait même se demander si gestion il y a... La transition énergétique c'est pas ici, et c'est pas maintenant, ça, c'est sûr. 
        Contrairement à la France, où le recyclage tend à être rentré dans les mœurs (même s'il est rarement correctement fait) chez les kiwis ce n'est pas vraiment le cas. Mais, il ne faut pas juste les blâmer sans se demander pourquoi. Dans un pays où recycler coute plus cher que de se débarrasser de ses déchets aux ordures ménagères, le recyclage n'est pas une habitude. D'ailleurs, les déchets qui vont être recyclés (plastique et carton) sont vendus à l'étranger, principalement à la Chine, qui les retraitera. 
        Pas d'usines de recyclage et pas d'usines de retraitement des déchets, ici la norme c'est le "land filling". Le land filling kesako? Et bien ce n'est pas compliqué. Ce qui n'est pas recyclable fini à la décharge et servira à remplir des trous qui seront ensuite rebouchés... à l'ancienne, si vous me passez la familiarité!  

Ne vous fiez pas à l'aspect toujours propre des parcs en ville
Certains sont débarrassés régulièrement de leur déchets par des employés


        Du positif, on peut en trouver au sein d'initiatives. Par exemple, les supermarchés proposent des points de collecte de plastique souple (eg. sacs plastiques) pour un recyclage spécifique. Mais bien rares sont ceux que j'ai rencontrés qui savaient vraiment ce qui peut être recyclé. Donc, rares sont ceux qui ramènent leur plastiques souples au supermarché. Pour le commun des mortels, qui dit plastique dit recyclable donc on met tout dans la même poubelle... Sauf qu'ils ne sont pas recyclés via la filière traditionnelle donc ils finiront au land filling! 
        Alors quand on sait aussi qu'il faut payer pour disposer de ces ordures (même recyclables!) à la déchetterie, et bien il est beaucoup plus simple de tout bruler dans son jardin ou de jeter ses gobelets dans les bas-côtés....


La consommation de l'eau

        Retour sur cash investigation, on y apprenait que l'irrigation des pâtures pour les vaches laitières nécessitait l'utilisation de près d'un million de litres d'eau par an par pâture. Soit 2000L d'eau pour produire un litre de lait. Ceci traduit surtout une exception agricole. Les agriculteurs, horticulteurs et vignerons par exemple ont le droit de pomper directement dans les rivières. Évidemment, cela conduit à l'asséchement de certaines rivières et autres plans d'eau. C'est tout le dilemme du développement de l'élevage et donc de l'économie au détriment de la protection de l'environnement...
        Mais là encore, Français ou Néo-Zélandais, nous n'avons pas le même rapport à l'eau. Alors qu'en France la pluviométrie moyenne se situe autour de 800mm, elle est plus proche des 1400mm en NZ. Il faut cependant considérer des écarts très importants avec la région la plus sèche où il ne pleut que 360mm contre 6700mm dans la plus pluvieuse.
        Dans un pays où on exporte de l'eau en bouteille à l'étranger, la réduction de la consommation en eau semble loin d'être la priorité n°1. Or, depuis peu une nouvelle problématique a vue le jour dans certaines villes. A Wellington, on s’inquiète de la durabilité en eau potable. Il faut dire que l’agglomération de Wellington fourni chaque jour 150 million de litres d’eau potable, ce qui correspond à 4 baignoires d’eau potable utilisées par jour et par habitant! Ce qui parait insensé quand on sait que le principal réservoir « Te Marua » contient une réserve équivalente à 20 jours!

Un des lacs Stuart Macaskill où sont stockés 3000 millions de litres d'eau
        Petits exemples de cette consommation folle? Régulièrement, j'ai vu mes hôtes laver leur vaisselle à la main avant de la mettre au lave vaisselle. Et puis dans beaucoup de maison où je suis passée j'ai vu la machine à laver tourner tous les jours (même pour des couples sans enfants). 





        Tout ça, ça fait quand même pas mal de négatif, et encore je n'ai pas abordé tous les problèmes soulevés régulièrement : utilisation des pesticides (dont les fameux glyphosates...) à retour de bras, utilisations de produits chimiques à large échelle pour tuer les espèces introduites (diphacinone, brodifacom, potassium cyanide et le 1080, qui fait l'objet d'une récente polémique dont je traiterai dans un article spécial), très mauvaise isolation des maison et le bois comme principal mode de chauffage, j'en passe et des meilleurs...
        En fait, il faut juste accepter une chose. L’écologie au sens où elle est entendue par le « français moyen », si vous me passez l’expression, est aux antipodes de ce qui est inclut dans le terme écologie en NZ.
Alors que la France semble s’investir assez peu dans la conservation de la biodiversité c’est le plus grand axe de la politique écologique de la Nouvelle Zélande, voire le seul. Avec une faune et une flore endémique riche, la population est investie pour essayer de protéger les espèces menacées en traitant directement les menaces (donc principalement en se débarrassant des espèces introduites). Nous pensons: énergétique, réduction des déchets, réduction de la consommation en eau, ils pensent biodiversité et depuis peu problèmes liés aux plastiques!
       

Une gestion axée sur la préservation de la biodiversité

        Et le positif dans tout ça? Les français râleurs ont encore frappé... Je n'en ai pas trouvé beaucoup quand j'ai demandé l'avis de mes compatriotes! Mais il faut quand même relever les efforts fait par le pays dans ce domaine. En creusant un peu, on peu dégotter quelques bonnes initiatives.

Un pays sans nucléaire 

        En 1987, la NZ dit définitivement NON au nucléaire. Les armes nucléaires (souvent testées dans le pacifique par les occidentaux) jugées indéfendables sur un plan moral sont à la base de cette décision. Le pays est désarmé et n’acceptera plus les navires équipés de telles armes. Et, c’est un des points positifs soulevé par les expatriés. Ce qui est assez ironique quand on connait le histoire française en NZ et surtout l’épisode du Rainbow Warrior !
        Évidemment, cela veut aussi dire, pas de réacteurs pour produire de l’électricité dans le pays. Du point de vue des NZ, ce n’est pas si parfait. En parlant de ça avec des locaux certains ont évoqué l’hydro-électrique pas si vert selon eux ! En effet, un des effets pervers de l’hydroélectrique (pourtant propre) c’est d’empêcher la migrations des poissons qui ne peuvent plus remonter une partie des rivières. Autre effet pervers, le chauffage des maisons est essentiellement fait avec du bois de chauffage ce qui dégage beaucoup de C02…


Les récentes actions prises par le gouvernement

        Pour peser sur le nouveau gouvernent, élu il y a à peine plus d’un an, les associations écologistes comme Greenpeace (pour n’en citer qu’une) se sont levées et ont mobilisé les citoyens pour commencer à changer les choses dans le pays. On peut citer deux actions en faveur de l’environnement prises par le gouvernement de Jacinda Ardern (Première ministre) qui concernent le pétrole et le plastique. Il faut dire que la lutte contre le changement climatique était annoncé comme un cheval de bataille de cette femme politique.
        Le 12 avril, le gouvernement annonce que la prospection pétrolière au large des côté néo-zélandaise est désormais interdite. En clair, les contrat d’exploitation commencé suivent leur cours mais il n’en sera plus ouvert de nouveau pour les compagnies pétrolières.
        Le 10 aout, la NZ annonce que les sacs plastiques à usages uniques vont être interdits. « il était temps » nous écrirons nous tous d’une seule voix après toutes les images de la pollutions au plastiques vues pendants les récents mois.



La préservation de la biodiversité

        Et puis enfin il y a celui qui me tient le plus à cœur, celui qui semble être le seul aspect écologique vraiment considéré dans le pays (pour de bonnes ou de mauvaises raisons) et celui que beaucoup d’expats considèrent un peu moins : la conservation des écosystèmes! La structure nationale qui gère l’écologie en Nouvelle Zélande, disons l’équivalent du ministère de la transition écologique en France, s’appelle le DOC : Département De Conservation, c’est dire si c’est important pour les locaux.
        Pays totalement inhabité jusqu'à l'arrivée des maoris au début du XIVe siècle et peu exploité avant l’installation des européens il y a 150 ans, les paysages changent sous la pression anthropique. Déforestation et sur-chasse vont mener à la disparition d'espèces animales, citons le Moa, l’aigle de Haast et le huia. Le moa disparait suite à la chasse intensive et la pression anthropique imposée par les premières population humaines. Les changements de son écosystème, l’exploitation forestière et la disparition du moa (sa proie principale) conduiront ensuite à la disparition de l'aigle de Haast.
        L'extinction du Huia est le résultat d'un cocktail de facteurs tous liés à la colonisation humaine. Ses effectifs commencent à décroitre car il est chassé par les maoris. Puis l’exploitation forestière intensive accentue le phénomène. Mais ce qui a causé la perte du Huia c’est la mode! En 1902, le futur roi d’Angleterre George V visite le pays et accroche une plume de Huia à son chapeau. Alors que les maoris avaient arrêté de le chasser en 1880, et que les britanniques tentaient d’interdire sa capture, la nouvelle tendance mena rapidement cet oiseau à sa perte. Le dernier phénomène vivant est observé en 1907.


Specimen de Huia empaillé, Mount Bruce National Parc



        Aujourd'hui une autre pression d'origine humaine met en danger des populations animales et végétales. Introduits volontairement ou non par l'homme, les opossums, rats, souris et hermines ne faisaient pas partis de la chaine alimentaire. Il appliquent une pression de prédation importante sur de nombreuses espèces menaçant la survie de certaines. Les plantes indigènes grignotées par les opossums et les rats n'arrivent pas à recoloniser les sous bois pour recréer les forêts vierges d'antan. Et puis, ils mangent les œufs et les oisillons d'espèces qui ne possédaient pas de prédateurs. Le kiwi, animal emblème du pays, est directement mis en danger par la présence de ces nuisibles. C'est donc la solution la plus simple et la plus radicale qui a été choisie : revenir à la Nouvelle Zélande avant l'introduction malheureuse de ces espèces. Donc on s’attelle à la destruction pure et simple de ces nuisibles (principalement par empoisonnement). Dans les zones où le contrôle des prédateurs est fonctionnel, cette solution, qui peut paraitre extrême, permet de voir des nichées survivre et même de voir revenir les population d'espèces autrefois disparues.
        La protection des espèces est une priorité. Elle peut passer par des re-végétalisation de zones achetées par le DOC ou par des trusts (associations plaisant en faveur de l'environnement). Elle se fera parfois au détriment de traditions locales. Ainsi, une partie de la population maori réclame que la chasse au kererū soit réautorisée comme "chasse traditionnelle". Le kererū faisait partie du régime alimentaire ancestral des maoris. Cette espèce de pigeon n'est pas menacée, mais rendre légale sa chasse pourrait mettre en danger l'espèce. En effet, les effectifs raugmentent avec le contrôle des populations de nuisibles, maintenir une faible pression de chasse est donc vitale à la protection de l'espèce.


Pigeon Néo Zélandais (Hemiphaga novaeseelandiae) également appelé kererū



        J'ai conscience que cet un article ne couvre que partiellement le sujet. Mais il faudrait bien plus d'un article pour évoquer toutes les problématiques liées à la gestion écologique de la Nouvelle Zélande et sur sa comparaison à la gestion française. Cependant cet article englobe, je l'espère, les principales thématiques et ouvre les pistes de réflexion.

        Une chose est sûre : que l'on soit en France ou en Nouvelle-Zélande, l'écologie est un enjeu majeur sur lequel le système tout entier doit se pencher. Du simple citoyen au politique en passant par le milieu agricole et la sphère industrielle, c'est un problème dont tout le monde doit prendre conscience afin de prendre ses responsabilités. Et si la meilleur gestion consistait à ne retenir que le positif appliqué des deux côtés et à l'appliquer partout? Chacun, à notre échelle, tentons d'avancer avec des petits pas ou des grands pas!





Pour continuer votre réflexion et en apprendre plus: 
      

jeudi 30 août 2018

Le Kauri et la Baleine


        Ça sonne comme un conte pour enfant non? Ce n'en est pas un. Mais le parallèle pourrait facilement être dressé entre nos contes occidentaux et les légendes maories. Certains me l'ont déjà dit avec ironie : "les Maoris, ils ont une légende pour tout". Moi, je ne le pense pas de façon négative! Bien au contraire, je trouve que certaines légendes expliquent si bien les choses.
        Honnêtement, je n'avais pas prévu d'écrire un autre article sur les kauris, ce n'est d'ailleurs pas vraiment le but de cet article! Mais dimanche dernier, je suis allée me balader sur la "Kauri Coast" dans le Northland. Je suis allée y saluer les plus beaux spécimen du pays. Là, j'ai rencontré Conrad. Fier de ses origines, ce jeune homme fait partie de la tribu "Te Roroa". Sa famille descend des premiers Maoris qui ont peuplé la région et il connait sa généalogie sur 15 générations. C'est lui qui m'a fait découvrir la légende que je m’apprête à vous raconter.

La création, selon les maoris

        La première légende, je vous l'ai déjà présentée brièvement dans un de mes premiers articles : Protéger les Kauris. Elle raconte comment Tane Mahuta, le dieu de la forêt a sauvé ses frères en séparant Ranginu (le père ciel) de Papatūānuku (la mère nature) permettant ainsi à la vie de venir coloniser la terre. Séparée de l'étreinte de son amoureux, il fallu que Tane Mahuta trouve une solution pour réchauffer sa mère. Il créa donc la forêt. Et pour la garder heureuse, il créa les oiseaux. 

        La légende que Conrad m'a racontée, c'est la suite de cette histoire. J'ai été impressionnée par son récit, mais je dois avouer ne pas avoir réussi à retenir tous les détails (surtout les noms Maoris, que j'ai toujours du mal à mémoriser!). En voulant vérifier quelques détails de cette légende, je me suis rendue compte que contrairement à la légende de la création, qui semble n'avoir qu'une version reconnue de tous, celle-ci est plutôt controversée. En fait, il n'y a pas une version sur laquelle tout le monde s'est entendu. Chaque tribu la raconte donc avec des variantes. Je vais me contenter ici de transposer ce qui m'a été raconté et pour les variantes, je vous invite à consulter les liens en bas de page.

Après la forêt, la baleine

        Un jour, Tane Mahuta se décida à créer la plus grande créature qui existe : Tohorā, la baleine. Impressionnante et belle, il voulait la garder pour lui. Mais un jour, il voulu narguer son frère Tangaroa, dieu des océans, créateur des poissons. Tangaroa, envieux, voulu obtenir la baleine, il trouva les arguments pour que son frère approuve :
"Regarde ta baleine, elle est malheureuse, elle ne peut pas bouger. Elle n'a pas de pattes pour marcher. Elle n'a pas d'ailes pour voler. J'ai la solution! Regarde mes poissons, ils se déplacent sans pattes et sans ailes dans mon océan. Ta baleine, elle, est bloquée sur la plage." 
        Alors Tane accepta, et laissa la baleine aller dans l'océan. La baleine s'y plu et décida de ne plus retourner dans la forêt.


        Frustré que son frère ait réussi à récupérer Tohorā, Tane se décida à créer une autre créature, aussi grande que la baleine. Il créa le kauri, et pour éviter que son frère ne le vole lui aussi, Tane le cacha au milieu de la forêt.
        Tohorā était heureux de vivre dans la mer, mais il finit par s'ennuyer. Ses amis lui manquaient. Aussi, il vint sur la plage et appela les oiseaux et les arbres de la forêt. Mais personne ne vint! Si admiratif du merveilleux kauri, ils restaient tous au cœur de la forêt. Tohorā, déçu que ses frères et sœurs ne l’accueillent pas comme il se devait continua à appeler. Les oiseaux finirent par venir le voir et il expliquèrent qu'ils avaient trouvé un nouvel ami depuis son départ, majestueux et aussi grand que la baleine! Tohorā voulu voir ça, alors les oiseaux le portèrent jusqu'au kauri. Il découvrit son frère avec admiration, aussi gros que lui et très beau. Alors, il dit au kauri : 
- "Tu es aussi massif que moi, tu ne peux pas vraiment te déplacer dans la forêt, tu devrais venir avec moi! Je vis dans l'océan et là bas je peux me déplacer sans contraintes! Viens, tu vas adorer!".
        Le Kauri accepta et il parti en mer. Tous les deux, ils s'amusèrent dans l'océan. Le kauri adorait se déplacer dans l'eau et la baleine pouvait jouer avec lui. Mais au bout d'un moment, le tronc du kauri et son feuillage commencèrent à dépérir. Alors il retourna vivre dans la forêt. Tohorā, qui vint plusieurs fois chercher son frère sans succès, finit par trouver une solution.
- "Kauri, revient avec moi dans l'océan. Je ne veux pas vivre sans toi."
- "Non, Tohorā, je ne peux pas vivre dans l'océan. Mon tronc pourri avec l'eau, je vais mourir"
Tohorā enleva toutes ses écailles et les offrit au kauri pour le protéger de l'eau.
- "Cette fois, tu es protégé, viens avec moi!"
- " Non, mon tronc est protégé mais mes branches sont encore nues. Je ne peux pas vivre dans l'eau!"
Tohorā retourna dans l'océan et demanda à tous les dauphins et tous les requins de leur donner leurs écailles. Puis, il revint sur terre et les donna au kauri pour qu'il puisse protéger ses branches.
         Finalement, le kauri que Tane avait créé pour la forêt décidera de rester y vivre avec ses frères et sœurs : les autres arbres et les oiseaux. Il continua ainsi à étreindre sa grand mère avec ses bras (les racines) et à repousser son grand père de ses pieds. C'est ainsi que le Kauri développa ses racines et se planta dans la forêt Néo-Zélandaise devenant ainsi le plus beaux de tous les arbres. Mais, en souvenir de ses aventures, il garda les écailles de son frère pour se protéger. La baleine, elle, retourna vivre dans l'océan avec son oncle.

La morale de l'histoire

        Tout le monde ne comprendra certainement pas, mais cette légende m'a fascinée! Pour une raison en particulier : cette légende explique de nombreux points. Ce qui démontre des observations particulièrement fines de la part d'un peuple vivant en adéquation avec la nature.
        Les maoris, ayant observé que la baleine était un animal qui vivait dans l'eau mais utilisait une respiration aérienne en ont déduit qu'elle vivait autre fois sur terre. Ceci correspond à la théorie de l'évolution qui attribue un ancêtre commun aux mammifères marins qui était terrestre. C'est leur hypothèse du "retour à la mer" si on peut extrapoler jusque là!
        Ils trouvent également une jolie explication à la peau des mammifères marins et requins sans écailles contrairement aux poissons. En expliquant au passage l'apparence particulière du tronc des kauris.
        Enfin, dans l'histoire, le requin est rancunier du kauri qui ne lui a pas rendu ses écailles. Ce qui justifie le caractère agressif de ces derniers. Par contre, la baleine heureuse d'avoir aider son frère demeurera un animal amical, tout comme le dauphin!

Les arbres mytiques de la foret de Waipoua

        Il y a assez peu de kauris qui sont mis en valeur dans la forêt. La plupart sont juste dispersés et si vous savez les reconnaitre vous en croiserez régulièrement au détour d'un chemin. Mais trois, ou plutôt six, des kauris de la "Waipoua Forest" sont immanquables!

  • Tane MahutaLord of the Forest
    Icône Néo Zélandaise de réputation mondiale, selon les Te Roroa, C'est celui qu'il ne faut pas rater. Tout le monde dans le nord du pays vous invitera à aller le voir. Son age est estimé à 2000 ans [1250-2500 ans]. Avec une hauteur totale de 51,5m, c'est le plus grand de tous. Son tronc lui fait plus de 4m de diamètre et a circonférence de 13.77m.

Seule avec le géant de la forêt, Tane Mahuta
Celui qui porte le nom du créateur de la forêt


  •  Te Matua NgahereFather of the Forest
    L'avantage c'est qu'il se trouve vraiment au cœur de la forêt. On le découvre donc après avoir traversé une partie de celle ci! C'est le plus vieux et le plus large des kauris dans le monde. Son âge est estimé à 3000 ans. Le diamètre de son tronc est de plus de 5m avec une circonférence de 16.4m. Son tronc est beaucoup plus petit car la canopée de cet arbre s'est effondrée. Ses branches les plus grandes culminent à 29.9m. Il est si massif que le volume total de bois (208m3) n'est que légèrement inférieur à celui de Tane Mahuta (244m3).

Te Matua Ngahere, le plus imposant de tous les kauris


  • The Four Sisters
    Âgés de "seulement" 500 ans, ce n'est pas leurs âges qui leur confèrent un attrait particulier! Il s'agit de quatre kauris dont le base des troncs a fusionné. Ceci pourrait paraitre anodin. Mais en fait, cette espèce est extrêmement compétitive. Deux arbres ne peuvent normalement pas coexister côte à côte, ce qui laisse supposer que les 4 graines viendraient de la même fleur. Pour croitre tous ensemble, leur cime n'a développé des branches que vers l'extérieur et comme tout être vivant, ils se ont grandit à leur rythme et n'ont donc pas la même taille. Elle dépend de leur position face au vent et à la pluie.

Les "4 sisters" et leur troncs à "écailles" si typique

        Des monstres en dimensions, mais des arbres ravissant qu'on ne peut qu'être heureux d'avoir la chance de pouvoir admirer.


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