samedi 30 juin 2018

Rakiura Walk & Ulva Island

La nature à l'état pur!

        La nouvelle Zélande, ce n'est pas une seule ile contrairement à l'idée que nous, européens, nous faisons de ce pays de l'autre côté de la terre. Ce sont en fait trois iles principales et une multitudes d'autres petites iles disséminées autour du pays jusqu'à l'Antarctique.
        Retour sur Stewart Island pour compléter l'article précédent en vous parlant un peu du Rakiura track, une des 10 great walks du DOC (Department of Conservation) que l'on peut faire dans le parc national.  Et ensuite, dans les pas de Rakiura la sauvage, laissez moi vous présenter Ulva la préservée, un petit paradis de biodiversité conservé grâce aux efforts du DOC et de ces bénévoles!

Rakiura Park

        Stewart Island, aussi appelé Rakiura, est en grande partie recouverte par le Parc National Rakiura. Une des limites du parc se trouve au nord d'Oban à la plage de Lee Bay. C'est aussi de là que partent les chemin de randonnées. Avec Clotilde, nous nous sommes lancées un petit défi! Petit mais de taille : Faire la great walk de l'île "Rakiura Track".
        Trois jours, 32 km, deux nuits en tente en forêt et de quoi manger et boire pendant toute cette rando! Voilà tout ce qu'il nous fallait au départ! Le tout mélangé avec un peu de motivation et de bonne humeur!

Clotilde et moi équipées pour le départ à Lee Bay :)
         Il faut savoir que s'attaquer à des great walks en Nouvelle Zélande n'est pas à prendre à la légère. Selon les lieux, les camping ou huttes peuvent être plein(e)s un an à l'avance! C'est le cas d'Abel Tasman par exemple. Stewart Island étant moins fréquenté, il est plus facile de trouver de la disponibilité surtout en dehors du plein été. Nous, on y était en Mars ce qui correspond à la fin de l'été. Non sans difficultés, on a réussi à s'arranger pour faire notre randonnée sur les 3 plus beaux jours de la semaine où nous étions à Stewart, ce qui n'est pas du luxe quand on sait qu'on doit planter sa tente pour dormir et la remettre dans le backpack le lendemain pour marcher jusqu'à l’arrêt suivant!
        Oublier le confort et être prêt à malmener un peu son dos : deux clés à la réussite. Avec, idéalement, un bon compromis des deux. En effet, plus on limite le confort moins le sac est lourd. Mais clairement il faut savoir que 3 jours de nourritures et d'eau potable c'est ce qui pèse le plus dans le sac à dos! L'eau accessible sur le track est uniquement de l'eau de pluie qu'il est déconseillé de boire sans la faire bouillir ou sans la filtrer. Et comme nous n'avions pas trouvé en dernière minute un petit réchaud léger et qui rentrait dans le budget, nous avons dû porter pas mal d'eau! Ensuite, il faut aussi oublier le confort d'un intérieur chaud, d'une cuisine et d'une salle de bain. Le track comporte des toilettes à chaque camping, toilettes sèches évidemment!  Une bonne aventure qui restera dans nos mémoire!

Chemin de randonnée entre Port William et North Arm
 
        Arpenter ces chemins de randonnées, c'est surtout la chance de marcher et de vivre dans la quiétude et de respirer l'air pur avec pour seuls compagnons le bruit des vagues, le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles. On pourra ainsi jeter des coups d’œil à la mer pendant le premier et le troisième jour de randonnées qui longe la côte, et profiter des fougères arborescentes et des arbres formant la canopé (Rimu, Miro, Totora et rata) de cette immense forêt pendant la deuxième journée. C'est l'occasion aussi de découvrir le travail des premiers exploitants de bois qui vécurent sur cette île au début du XXe siècle. Difficile d'imaginer en voyant les restes de ces scieries qu'autrefois des familles entières vivaient ici, isolées mais profitant des plaisirs simples de la vie (si on en croit les photos d'archives), et les tramways qui traversaient l'ile pour transporter le bois.

Site historique de la scierie de Maori Beach
  

Ulva Island

        La dernière journée que nous auront passé sur Stewart Island avec Clotilde aura été une des plus belle. Car oui, il faut rester philosophe! Même si ce wwoofing ne s'est pas révélé aussi positif que nous l'avions espéré, il nous aura tout de même fait vivre de très beaux moments. Le fils de la famille nous a offert la possibilité de passer notre dernière matinée à Ulva Island. Conduisant un des ferrys et water-taxis permettant aux touristes de se rendre sur cette petite île, ils nous a invité à joindre un des bateaux! Et quelle belle initiative! Nous avons ainsi pu passer une matinée à explorer cette petite île et à observer toutes sortes espèces animales et végétales, avec de belles surprises à la clé!

Arrivée à Ulva Island de bon matin, Post Office Bay

       Transformer Ulva Island en un sanctuaire protégeant la biodiversité et vide de toute espèces introduites est donc un projet de conservation d'ampleur mené par le DOC (département de Conservation)! Les espèces invasives sont un fléau qui met en péril la biodiversité locale. Au prix de lourds efforts, bénévoles et employés du DOC on permis à la faune et flore locale de regagner leur territoire et de se reproduire plus sereinement. L'élimination de milliers de rats (espèce introduite et opportuniste) a pris 4 ans. Elle a rapidement eu un effet positif sur les populations d'oiseaux et sur la régénération de certaines espèces de plantes. En l'absence de prédateur, c'est un environnement sûr pour de nombreuses espèces d'oiseaux et de plantes rares

Stewart Island Robin,
une des espèces que l'on peut avoir le bonheur de rencontrer à Rakiura et Ulva Island
        Ce sont près de 20 espèces d'oiseaux iconiques qui peuvent ainsi être observées pendant la promenade au cœur de l'ile. Alors que certaines peuvent être observées à d'autres endroits dans le pays (kererū, le pigeon ramier de NZ [Hemiphaga novaeseelandiae]; le Tui cravate-frisée (Prosthemadera novaeseelandiae) ; huitriers pies [Haematopus unicolor], etc.), d'autres sont rares et ne se rencontrent que sur Stewart et les ilots environnants comme la sous-espèce de Kiwi de Stewart Island.
        Parmi toutes les espèces, nous aurons eu la chance d’observer entre autre les kakariki (Peroquets de NZ, voir lien vers le site du DOC en bas de page), les tīeke (créadion rounoir, Philesturnus carunculatus) très rares et les charmants ngirungiru (miro mésange, Petroica macrocephala). Evidemment, deux petits passereaux téméraires nous ont accompagnés en suivant nos pas : le Miro robisole de Stewart (Stewart Island Robin ; Petroica australis rakiura) et le Piwakawaka, Rhipidure à collier en francais (fantail ; Rhipidura fuliginosa).

        Mais de toute évidence, même si les oiseaux sont au cœur de ce projet de conservation ils ne sont pas les seuls concernés. la flore occupe également une place centrale. Hormis de rares spécimen anciens conservés pour leur valeur historique, seules les plantes endémiques sont protégées. On trouvait autrefois à Ulva un jardin botanique créé par Charles Traill. On peut toujours observer le vieux hêtre, un désespoir du singe et un houx qui restent les seules espèces importées.

Bonheur et surprise, découvrir Tmesipteris
une plante qui poussait déjà à l'époque des dinosaures

          Bel exemple de conservation : le punui (Stilbocarpa lyallii). Les rats trouvent leurs graines tellement appétantes que la plante avait disparu d'Ulva. Elle a réapparu depuis la disparition des rats, opossums et cerfs. Autre petite curiosité : Tmesipteris, une espèce qui a la même apparence depuis 400 millions d'années! Ces plantes sont introuvables dans l'hémisphère nord et ont perduré en Nouvelle Zélande après la séparation du Gondwana.


       Les kiwis n'étaient pas au rendez vous pendant notre semaine insulaire, ce qui n'aura pas suffit à entamer ma bonne humeur! Nnous aurons bien profité des beautés que recèle la nature! Ne fermez jamais les yeux, il y a toujours de quoi s'émerveiller dans de petits coins de paradis!



Plus d'infos :
sur la randonnée :
https://www.doc.govt.nz/parks-and-recreation/places-to-go/southland/places/stewart-island-rakiura/rakiura-national-park/things-to-do/rakiura-track/

sur Ulva Island :
www.ulvaisland.org 
http://www.ulva.co.nz/
https://www.doc.govt.nz/parks-and-recreation/places-to-go/southland/places/stewart-island-rakiura/ulva-island-te-wharawhara/

Pour en apprendre plus sur les oiseaux de NZ :
http://nzbirdsonline.org.nz/
https://www.doc.govt.nz/nature/native-animals/birds/birds-a-z/nz-parakeet-kakariki/ 

vendredi 22 juin 2018

Stewart Island

L’extrémité sud d’une île déjà bien au sud !


         Stewart Island, était avant même que je pose un pied sur le sol Néo-Zélandais, un des lieux où je souhaitais aller. Plusieurs raisons avaient fait naître ce désir. La première est un petit défi personnel d'aller aux quatre extrémités du pays. Une autre était d'aller dans un endroit où peu de touristes (en comparaison du nombre global) réussissent à aller. Les hébergements sont assez rares, les ferry circulent en nombre limités et pour y aller il faut y consacrer un petit budget...
        La beauté d'un lieu vaut bien un peu d'organisation et de sacrifices! Alors j'ai convaincu ma compagnon de route, Clotilde, de se joindre à moi dans cette expédition!
Carte de Stewart Island/Rakiura

        Stewart Island c’est la petite île qui se trouve tout au sud de la Nouvelle Zélande. Plus précisément à 46°S.  Accessible en ferry (depuis Bluff) ou en avion (depuis Invercargill). C’est un lieu assez peu peuplé. La population n’excède pas les 500 habitants, très peu y passent d’ailleurs l’année complète ! Par contre l’été, les touristes se rendent sur l'île à la recherche de nature, de randonnée, de vie sauvage et, peut être, d'isolement !

Une légende Maori


        L’ile qui est communément appelée aujourd’hui « Stewart Island » a revêtu trois noms différents. Les deux premiers la liant étroitement à la mythologie Maori : "Te Punga o Te Waka a Maui" et "Rakiura".
        "Te Punga o Te Waka a Maui" : Nous parle du demi-dieu Maui et de son équipage. Sur son waka (Canoë), il essayait d’attraper un gros poisson et s’est ancré en mer. Cette légende nous parle en fait de toute la nouvelle Zélande, avec ses trois iles principales: le waka c’est l’ile sud "Te Wai Pounamu", le poisson c’est l’ile nord et la pierre d’ancrage, c’est Stewart Island. Ce nom est littéralement traduit par « la pierre d’ancrage du canoé de Maui ». De ce nom, aujourd’hui inusité, seules restent les deux sculptures représentant la chaine qui attachait l’ancre au canoé, visible à Lee Bay sur Stewart Island et à Stirling Point sur l’ile sud.

Œuvre de Russel Beck, ici à Stirling point, Bluff
Stewart Island dans le fond

        Le nom de Rakiura est apparu au fil du temps. Il a découlé du nom complet "Te raki o te uraka o Te Rakitamau"/"Te raki ura o Te Rakitamau". Littéralement, on pourrait traduire cette expression par « le rougissement intense de Te Rakitamau » (The great and deep blushing of Te Rakitamau). Te Rakitamau était l’un des premiers chefs maoris. Un jour, il alla demander la main de l’ainé des filles de Kati Mamoe. Lorsqu'ellle lui fut refusée, il rougit d’embarras. Il demanda alors la main de la cadette qui lui fut également refusée car elle était elle aussi fiancée. Le ciel rougissant de Stewart Island reflète son embarras grandissant. Aujourd’hui, lorsque le ciel s’empourpre lors des levers/couchers de soleil ou des aurores australes, on dit qu’il représente Te Rakitamau. Autre souvenir de cet événement, le pic le plus haut de l’île fut baptisé "Hananui" (en anglais : the great blush).

        Quant au dernier nom, il renvoie à William Stewart. Il rend hommage au travail de cet officier de marine arrivé à bord du Pegasus en provenance d’Australie en 1809. Il a établi une carte maritime des côtes sud de la Nouvelle Zélande.

Une île sauvage et des sanctuaires de biodiversité

        Cette ile c'est près de 2000 kilomètres carrés de superficie dont près de 85% sont occupés par le parc naturel créé en 2002.
       
Vue de la plage de Port William, au sein du parc naturel

        Le dernier des parcs ajouté à la liste nationale en 2002 est décrit comme un monde enchanté. c'est une nature originelle qu'on y trouve. un espace où les hommes n'ont pas modifié les écosystèmes. Des dunes de sables aux montagnes de granites en passant par les zones humides et la foret pluviale côtière, le parc procure une diversité d'écosystèmes rares, des possibilités uniques de voir des espèces natives et des paysages primaires.

"Fiordland Crested Pingouin", Le gorfou des Fjordland,
une des espèces de manchot parfois visible sur Stewart Island

          Ce n'est pas peu dire quand on annonce Stewart Island comme le paradis des randonneurs. L'ile abrite seulement 25 km de route mais 245 km de chemin de randonnées! Tous accessibles depuis Oban, ils peuvent se parcourir en quelques heures ou plusieurs jours : 3 pour la "Great walk : Rakiura walk" ou jusqu'à une dizaine en allant de hutte en hutte du DOC.


Exemple d'écosystème présent sur Rakiura

Et des insulaires

        Notre escapade a vraiment commencé quand, avec Clotilde, on a garé la voiture pour aller prendre le ferry à Bluff! Et le ferry peut être une vraie aventure pour ceux qui n'ont pas le pied marin. Régulièrement, les ferry sont interrompus pour cause de mauvais temps et les passagers doivent retarder leur départ. En démarrant les moteurs, la pilote nous a prévenue immédiatement que la traversée serait rude!
        Le premier local, je l'ai rencontré directement dans le ferry. Alors que tout le monde tentait de survivre aux creux de vagues assez impressionnants et de ne pas succomber aux effluves quand les premiers sacs à vomi se remplissaient et faisaient leur chemin vers les poubelles au centre de la pièce, un homme se tenait au bar et rigolait avec deux copains. Rapidement, je m'étais mise debout près du bar pour avoir de l'air frais venant de l'arrière du vaisseau. Et, à un moment, cet homme m'a parlé. Le vieux loup de mer, comme il s'est présenté à moi, enchainait tranquillement les rhum-coca! Friday, vendredi en français, est coutumier de la traversée qu'il fait régulièrement depuis des années. Un peu rustre, je l'imaginais bien travaillant sur les bateaux de pêche et dans les chantiers navals où il avait fait carrière. D'abord sympathique, il est devenu étrange et froid lorsque je lui ai parlé des gens chez qui nous partions en wwoofing... "Le fils est gentil, mais faîtes attention au père" et quand je lui ai demandé d'être plus précis, il s'est juste répété "Be aware of the dad", ce qui était bien loin de me rassurer au moment où nous allions mettre un pied à terre.

Une des baie sur la côte est de Stewart Island,
A l'arrière plan, le port d'Oban

        Et nous fûmes accueillies par.... Rakiura! Le fils! Rakiura, moi qui avait cru quand on avait échangé par mail avec lui qu'il était peut être maori... En fin de compte, Friday m'avait annoncé pendant la traversée qu'il était allemand! Physique alémanique de surfeur aux longs cheveux, Rakiura a été charmant dès notre arrivée. Nous n'étions pas au bout de nos surprises! A notre arrivée au B&B où nous devions faire le HelpX, nous nous sommes retrouvées dans la plus belle maison que nous avions pu voir jusque là en Nouvelle-Zélande! Certainement la chambre d'hôte idéale pour les touristes venant à Stewart Island!
        La première soirée s'est déroulée autour d'un repas gargantuesque que nous avons partagé avec Manfred le père, Rakiura, son ex petite amie venue lui amener sa fille et les invités de la chambre d'hôte : un couple d'Allemand. Beaucoup d'un coup, probablement trop. Et alors que nous aurions pu passer une charmante semaine les propos de Friday ont été assez rapidement éclairé par le comportement de notre hôte. Lunatique et pensant qu'on pouvait anticiper ses attentes en lisant dans ses pensées, il s'est montré irritable et nerveux. Nous retrouver hébergées chez lui pendant que sa belle fille et sa petite fille venait rendre visite n'était certainement pas la meilleure période pour venir titiller cet allemand un poil trop autoritaire (un poil trop... Allemand?) mais nous avons remplies nos missions du mieux que nous pouvions avant de repartir avec notre balluchon vers la suite de nos aventures.

        Mais notre aventure ne s'est pas arrêtée la... il en fallait plus pour nous détourner de notre objectif faire une des "great walk" le Rakiura track! C'est l'objet de l'article suivant :)



Pour compléter ses informations :
https://www.stewartisland.co.nz/
https://www.newzealand.com/int/feature/national-parks-rakiura/
https://www.doc.govt.nz/parks-and-recreation/places-to-go/southland/places/stewart-island-rakiura/rakiura-national-park/nature-and-history/