vendredi 22 juin 2018

Stewart Island

L’extrémité sud d’une île déjà bien au sud !


         Stewart Island, était avant même que je pose un pied sur le sol Néo-Zélandais, un des lieux où je souhaitais aller. Plusieurs raisons avaient fait naître ce désir. La première est un petit défi personnel d'aller aux quatre extrémités du pays. Une autre était d'aller dans un endroit où peu de touristes (en comparaison du nombre global) réussissent à aller. Les hébergements sont assez rares, les ferry circulent en nombre limités et pour y aller il faut y consacrer un petit budget...
        La beauté d'un lieu vaut bien un peu d'organisation et de sacrifices! Alors j'ai convaincu ma compagnon de route, Clotilde, de se joindre à moi dans cette expédition!
Carte de Stewart Island/Rakiura

        Stewart Island c’est la petite île qui se trouve tout au sud de la Nouvelle Zélande. Plus précisément à 46°S.  Accessible en ferry (depuis Bluff) ou en avion (depuis Invercargill). C’est un lieu assez peu peuplé. La population n’excède pas les 500 habitants, très peu y passent d’ailleurs l’année complète ! Par contre l’été, les touristes se rendent sur l'île à la recherche de nature, de randonnée, de vie sauvage et, peut être, d'isolement !

Une légende Maori


        L’ile qui est communément appelée aujourd’hui « Stewart Island » a revêtu trois noms différents. Les deux premiers la liant étroitement à la mythologie Maori : "Te Punga o Te Waka a Maui" et "Rakiura".
        "Te Punga o Te Waka a Maui" : Nous parle du demi-dieu Maui et de son équipage. Sur son waka (Canoë), il essayait d’attraper un gros poisson et s’est ancré en mer. Cette légende nous parle en fait de toute la nouvelle Zélande, avec ses trois iles principales: le waka c’est l’ile sud "Te Wai Pounamu", le poisson c’est l’ile nord et la pierre d’ancrage, c’est Stewart Island. Ce nom est littéralement traduit par « la pierre d’ancrage du canoé de Maui ». De ce nom, aujourd’hui inusité, seules restent les deux sculptures représentant la chaine qui attachait l’ancre au canoé, visible à Lee Bay sur Stewart Island et à Stirling Point sur l’ile sud.

Œuvre de Russel Beck, ici à Stirling point, Bluff
Stewart Island dans le fond

        Le nom de Rakiura est apparu au fil du temps. Il a découlé du nom complet "Te raki o te uraka o Te Rakitamau"/"Te raki ura o Te Rakitamau". Littéralement, on pourrait traduire cette expression par « le rougissement intense de Te Rakitamau » (The great and deep blushing of Te Rakitamau). Te Rakitamau était l’un des premiers chefs maoris. Un jour, il alla demander la main de l’ainé des filles de Kati Mamoe. Lorsqu'ellle lui fut refusée, il rougit d’embarras. Il demanda alors la main de la cadette qui lui fut également refusée car elle était elle aussi fiancée. Le ciel rougissant de Stewart Island reflète son embarras grandissant. Aujourd’hui, lorsque le ciel s’empourpre lors des levers/couchers de soleil ou des aurores australes, on dit qu’il représente Te Rakitamau. Autre souvenir de cet événement, le pic le plus haut de l’île fut baptisé "Hananui" (en anglais : the great blush).

        Quant au dernier nom, il renvoie à William Stewart. Il rend hommage au travail de cet officier de marine arrivé à bord du Pegasus en provenance d’Australie en 1809. Il a établi une carte maritime des côtes sud de la Nouvelle Zélande.

Une île sauvage et des sanctuaires de biodiversité

        Cette ile c'est près de 2000 kilomètres carrés de superficie dont près de 85% sont occupés par le parc naturel créé en 2002.
       
Vue de la plage de Port William, au sein du parc naturel

        Le dernier des parcs ajouté à la liste nationale en 2002 est décrit comme un monde enchanté. c'est une nature originelle qu'on y trouve. un espace où les hommes n'ont pas modifié les écosystèmes. Des dunes de sables aux montagnes de granites en passant par les zones humides et la foret pluviale côtière, le parc procure une diversité d'écosystèmes rares, des possibilités uniques de voir des espèces natives et des paysages primaires.

"Fiordland Crested Pingouin", Le gorfou des Fjordland,
une des espèces de manchot parfois visible sur Stewart Island

          Ce n'est pas peu dire quand on annonce Stewart Island comme le paradis des randonneurs. L'ile abrite seulement 25 km de route mais 245 km de chemin de randonnées! Tous accessibles depuis Oban, ils peuvent se parcourir en quelques heures ou plusieurs jours : 3 pour la "Great walk : Rakiura walk" ou jusqu'à une dizaine en allant de hutte en hutte du DOC.


Exemple d'écosystème présent sur Rakiura

Et des insulaires

        Notre escapade a vraiment commencé quand, avec Clotilde, on a garé la voiture pour aller prendre le ferry à Bluff! Et le ferry peut être une vraie aventure pour ceux qui n'ont pas le pied marin. Régulièrement, les ferry sont interrompus pour cause de mauvais temps et les passagers doivent retarder leur départ. En démarrant les moteurs, la pilote nous a prévenue immédiatement que la traversée serait rude!
        Le premier local, je l'ai rencontré directement dans le ferry. Alors que tout le monde tentait de survivre aux creux de vagues assez impressionnants et de ne pas succomber aux effluves quand les premiers sacs à vomi se remplissaient et faisaient leur chemin vers les poubelles au centre de la pièce, un homme se tenait au bar et rigolait avec deux copains. Rapidement, je m'étais mise debout près du bar pour avoir de l'air frais venant de l'arrière du vaisseau. Et, à un moment, cet homme m'a parlé. Le vieux loup de mer, comme il s'est présenté à moi, enchainait tranquillement les rhum-coca! Friday, vendredi en français, est coutumier de la traversée qu'il fait régulièrement depuis des années. Un peu rustre, je l'imaginais bien travaillant sur les bateaux de pêche et dans les chantiers navals où il avait fait carrière. D'abord sympathique, il est devenu étrange et froid lorsque je lui ai parlé des gens chez qui nous partions en wwoofing... "Le fils est gentil, mais faîtes attention au père" et quand je lui ai demandé d'être plus précis, il s'est juste répété "Be aware of the dad", ce qui était bien loin de me rassurer au moment où nous allions mettre un pied à terre.

Une des baie sur la côte est de Stewart Island,
A l'arrière plan, le port d'Oban

        Et nous fûmes accueillies par.... Rakiura! Le fils! Rakiura, moi qui avait cru quand on avait échangé par mail avec lui qu'il était peut être maori... En fin de compte, Friday m'avait annoncé pendant la traversée qu'il était allemand! Physique alémanique de surfeur aux longs cheveux, Rakiura a été charmant dès notre arrivée. Nous n'étions pas au bout de nos surprises! A notre arrivée au B&B où nous devions faire le HelpX, nous nous sommes retrouvées dans la plus belle maison que nous avions pu voir jusque là en Nouvelle-Zélande! Certainement la chambre d'hôte idéale pour les touristes venant à Stewart Island!
        La première soirée s'est déroulée autour d'un repas gargantuesque que nous avons partagé avec Manfred le père, Rakiura, son ex petite amie venue lui amener sa fille et les invités de la chambre d'hôte : un couple d'Allemand. Beaucoup d'un coup, probablement trop. Et alors que nous aurions pu passer une charmante semaine les propos de Friday ont été assez rapidement éclairé par le comportement de notre hôte. Lunatique et pensant qu'on pouvait anticiper ses attentes en lisant dans ses pensées, il s'est montré irritable et nerveux. Nous retrouver hébergées chez lui pendant que sa belle fille et sa petite fille venait rendre visite n'était certainement pas la meilleure période pour venir titiller cet allemand un poil trop autoritaire (un poil trop... Allemand?) mais nous avons remplies nos missions du mieux que nous pouvions avant de repartir avec notre balluchon vers la suite de nos aventures.

        Mais notre aventure ne s'est pas arrêtée la... il en fallait plus pour nous détourner de notre objectif faire une des "great walk" le Rakiura track! C'est l'objet de l'article suivant :)



Pour compléter ses informations :
https://www.stewartisland.co.nz/
https://www.newzealand.com/int/feature/national-parks-rakiura/
https://www.doc.govt.nz/parks-and-recreation/places-to-go/southland/places/stewart-island-rakiura/rakiura-national-park/nature-and-history/


5 commentaires:

  1. Waou cette île semble paradisiaque!
    Mais où trouves tu toutes ces informations? En tout cas merci, on en apprend vraiment beaucoup grâce à toi.
    Par simple curiosité, du coup le père qu'est ce qu'il avait de si particulier pour que tu doives te méfier?

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    1. Des lectures sur places et des recherches à postériori! Pas mal de boulot de documentation! d'où le fait que je ne publie pas assez régulièrement car il est souvent dur de trouver assez de temps!

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    2. et concernant mon cher allemand, il a un problème au lobe frontal. incapable de contrôler ses réactions et ses émotions.... du coup difficile à gérer quand c'est quelqu'un que tu connais à peine

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  2. Je rattrape mon retard de lecture ^^

    Je trouve ça passionnant ces histoires de toponymes qui, pour une grande partie d'entre eux, ont désormais conservé leur origine anglosaxonne et un peu occulté leurs noms maoris. Mais surtout, c'est super intéressant de voir que le nom maori a un véritable sens géographique, par rapport à la position des îles les unes par rapport aux autres, tandis que les Anglais ont juste voulu attribuer à l'île le nom d'un gars qu'ils jugeaient important... Ca en dit beaucoup sur le rapport à la terre dans différentes sociétés.

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    1. Oh oui, je confirme! Les maoris ont un lien à la terre et à la nature fort et particulier que les Européens post révolution industrielle ont souvent perdu malheureusement!
      Je t'invite à parcourir les deux articles sur le kauri pour en savoir plus sur la culture Maori ;)

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