jeudi 23 août 2018

Napier, au cœur de l’Hawke’s Bay


        Ville balnéaire sur la côte est de l’île nord, Napier est un incontournable pour les amateurs d’architecture, de Vintage et de rétro. Ce ne sont pas seulement les maisons construites dans les années 30 qui attirent les touristes mais toute l’ambiance qui règne en ville ! Boutiques vintage, vieilles américaines (des voitures évidemment) et tout les ans, un festival printanier qui attire des milliers de touristes. Napier est, selon ses habitants, la capitale mondiale de la Belle Époque. Rien que cela ! Ça valait bien la peine de s’y arrêter.


Le bâtiment de la compagnie du tabac,
une des icônes de la reconstruction art déco à Napier

Une histoire riche

        Même si ce n'est pas l'objet de cet article, il faut savoir que nombre de lieux dans l’Hawke’s Bay sont liés à des légendes maories. Napier était déjà un port de pêche pour les premiers Maoris. L'abondance des poissons et la lagune en firent un arrêt fréquent lors des déplacements vers le sud. On dit d’ailleurs que cette partie de la côte rappelle la forme de l’hameçon utilisé par Māui pour attraper l’ile nord (le poisson, cf article sur Stewart Island).


location de l' Hawke's Bay, sur la côte est de la NZ
lien vers la carte en ligne :

        Aujourd'hui, la topologie de Napier a tellement changé qu’il est difficile d’imaginer les lieux qui formaient autrefois la vaste lagune appelée Ahuriri. Une chose est sûre, la légende qui lui attribue son nom est liée à Tu Ahuriri, fils de Tu Maro (chef de la tribu Ngai Tara). Il passe ici en allant chercher des jades (les greenstones) dans le sud. L'accès au port est bloqué ce qui fait monter le niveau de l'eau et menace les cultures et certains coquillages. Il créa le passage qui constitue aujourd'hui le port de Napier.
        C'est le capitaine Cook (encore lui!)  qui sera le premier européen à passer à Napier en 1769. Puis un français, Jules Dumont D’Urville, explorera les côte de la baie de Hawke en 1827. Mais l'arrivée des colons ne se fera qu'en 1839 avec l'installation des premiers baleiniers. En 1851, un accord entre chefs maori et le Gouverneur anglais permettra l’achat de terres par des colons qui aboutira à la création de Napier. Sir Charles Napier, qui a participé à la campagne des indes, donnera son nom à la ville rappelant ainsi la toute puissance coloniale de la Grande Bretagne.

Dans les année 1970, Ahuriri se construit
on y trouve de belles villas de l'époque Victorienne

Un tremblement de terre qui a remodelé la ville

        3 février 1931, 10h46, la région connait le plus gros tremblement de terre de son histoire. Deux minutes et trente secondes interminables d’ondes sismiques d’une magnitude de 7.8 sur l’échelle de Richter. Au total, 674 répliques sont dénombrées. Elles causeront la terreur des habitants et les dissuaderont de retourner en ville. Évidemment, c’est toute la baie qui est touchée. Au total, 256 morts, 3000 blessés et 11000 évacués. Napier est dévastée, pas tant à cause des secousses qui n'auront détruites que 26 maisons (le bois résistant bien), mais surtout d'un incendie qui suivra le tremblement de terre.

    • Un peu de géologie
      • La Nouvelle Zélande est à cheval sur deux plaques tectoniques : la plaque pacifique et la plaque australienne, ce qui en fait une zone de haute activité sismique et aussi volcanique.
      • Concernant l’ile nord, la plaque pacifique glisse sous la plaque australienne, c’est ce qu’on appelle la subduction. Le mouvement plus rapide de la plaque pacifique vers le nord ajoute une contrainte qui participe aux tremblements de terres. 
      • Le frottement de ces plaques crée parfois des points de ruptures d’énergie c’est ce qui provoque les tremblements de terre. 


         On dit de la ville qu'elle est morte, mais les habitants ne l'entendent pas de cette oreille. Faisant fi de l'opinion générale, ils vont tout faire pour qu'elle se relèvent. Les énergies sont canalisées et la ville va renaître de ses cendres.
        C'est presque immédiatement que les travaux de reconstructions commencent. Dès le 21 février, un comité spécial est créé par le gouvernement. De nouvelles règles sont imposées pour la sécurité face au risque sismique: structures renforcées (béton armé, lignes électriques et lignes de communication enterrées et l'élévation des bâtiments est limitée à deux étages. Tout ceci participera aussi au caractère particulier de la ville.

La bibliothèque, bâtiment préféré de mon guide du jour, Murray

        Une fois les gravats déblayés tout s'organise très vite. Le style choisi est le style Art Déco, le plus en vogue à l'époque. Né en Europe, on trouve des exemples de ce style dans le monde entier, pour exemple, le Chrysler building à Manhattan. L'inspiration américaine est très forte ce qui concorde avec la formation des architectes choisis comme Louis Hay, formé à l'école de Chicago. On trouve donc beaucoup de battisses de style mission espagnole.
         On retrouve tous les éléments architecturaux typiques du style : zigzag, fontaines, soleil levant, etc. Et, pour s'adapter parfaitement au pays des motifs maoris sont également utilisés. La ville deviendra extrêmement colorés. Toutes sortes de couleurs sont utilisées pour teindre le béton dans la masse qui avec les vitraux et les ferronneries donneront leur caractère si particulier à la ville.

Quelques détails de l'architecture : formes géométriques, luminaires, travail
du verre et du métal, plafonds à caisson, sculptures en façade



        Les témoignages de l'époque disent que non seulement la ville n'a pas disparu, mais qu'elle a obtenu un supplément d'âme!

Un Patrimoine chéri par ses habitants

        Évidemment, la nouveauté et la modernité ne dure qu’un temps. Alors cette ville qui était dite « la plus colorée du monde » ou « la plus moderne du monde » après les reconstructions des années 30 est vite redevenue une ville « normale ». Dans les années 1980, on commence à abattre des maisons art déco du centre ville pour construire des bâtiments à l’architecture novatrice. Cela aurait pu passer inaperçu, mais rapidement un groupe d’habitants s’est forlé pour défendre le patrimoine Art Déco si spécial et seuls 4 bâtiments du centre villes furent perdus. Suite à cela, le "Art Deco Trust" fut créé.
        Aujourd’hui, leur volontaires animent des visites guidées (on peut également opter pour une visite libre si l’on achète un petit livret) permettant de découvrir les particularités architecturales de cette ville de bord de mer. Un circuit art déco en ville, évidemment, et un chemin « heritage trail » autour du port. L’accent est aujourd’hui mis sur les bâtiments les plus anciens qui ont été conservés : les « survivors » comme on appelle les bâtiments ayant résisté au tremblement de terre ou les bâtiments de la reconstruction.

Knox church, construite en 1896
C'est la plus ancienne église de Napier encore en activité, un des survivors de Ahuriri



En apprendre plus :
https://www.hawkesbaynz.com/see-and-do/art-design-and-culture/the-art-deco-guide/the-origin-of-deco-in-hawkes-bay/
https://www.artdeconapier.com/
https://www.mtghawkesbay.com
https://www.newzealand.com/us/napier/

2 commentaires:

  1. Je confirme Napier est la ville Art Déco incontournable
    Merci Amandine de nous avoir fait profité de l’histoire de cette ville

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    Réponses
    1. Des villes avec autant d'histoire, c'est un plaisir de les découvrir et de les faire découvrir! :)
      Merci!

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